La parole : un outil à double tranchant

Enfant, j’entendais souvent ma grand-mère maternelle répétée sans cesse à mes grandes cousines cette phrase : « Faites attention à votre parole, aux mots que vous prononcez, vos paroles doivent être impeccables ». Puis elle continuait ainsi : « avant de prononcer un mot, tourner votre langue trois fois dans votre bouge avant de laisser sortir un son ».

Un jour, je lui ai demandé pourquoi et elle a répondu que « notre salive est comme le sel. Il suffit de quelques grains, pour saler toute une marmite de repas à servir à plusieurs convives. Quand le dosage est juste, le repas est succulent et on reçoit tous les honneurs pour les efforts fournis. Un petit grain en plus ou en moins, le repas est immangeable et met les invités dans un état d’inconfort. Alors, en tournant plusieurs fois ta langue dans ta bouche, tu sentiras si les mots que tu veux prononcer sont appropriés à la situation présente. Et cela conditionne également ton comportement dans la vie. »

Elle disait également : « la parole est un cadeau qui nous vient de Dieu. En tant qu’être humain, c’est l’outil le plus puissant que nous possédons. Elle a un pouvoir créateur. C’est un instrument magique avec une lame à double tranchant. Elle réalise nos rêves les plus audacieux et en même temps, elle peut détruire à une fraction de seconde tous nos édifices et/ou nous basculer dans l’obscurité totale. »

D’ailleurs, j’ai eu l’occasion d’observer autour de moi et d’être personnellement confrontée à ce qu’elle me disait. En effet, une personne de mon entourage avec qui je n’ai eu aucun différent personnel, a transmis le message suivant à mes proches : « Elle n’est pas la bienvenue chez nous ». Voyant sa demande écarter vivement, elle finit par dire : « Alors, elle doit surveiller ses paroles. Parce que X est susceptible. »

En apprenant cela, j’ai cherché en vain à quelle occasion j’aurai froissé la susceptibilité de X. Puisqu’en dehors de quelques sujets ouverts, où il m’arrive de prendre position par rapport à mes idées, je n’ai jamais eu d’autre échange avec X. Je ne me sens pas responsable de l’état émotionnel de X. C’est à lui de se questionner en quoi mes propos font écho en lui pour qu’il soit troubler à ce point.

Voilà un exemple flagrant où les paroles que nous échangeons dans un contexte où le débat est libre, peuvent produire à un inconfort chez autrui déclenchant par la suite de l’animosité dans le groupe.

Ce que je trouve désolant dans cet exemple, c’est que X a eu des occasions pour m’interpeller directement à ce sujet, pour me faire part de son inconfort et trouver ensemble une solution de dialogue non pénalisante pour le groupe.

Ce type de comportement, me renvoi à un livre que j’affectionne particulièrement et qui fait résonances aux paroles de ma grand-mère :

Les Quatre Accords Toltèques de Don Miguel Ruiz, portant sur la voie de la liberté personnelle.

A travers sa maîtrise sur la sagesse ancestrale, Don Miguel Ruiz nous révèle les différents accords Toltèques : le 1er accord « Que ta Parole soit Impeccable » ; Le 2e « Quoiqu’il arrive, n’en Faites pas une Affaire Personnelle » ; Le 3e « Ne Faites pas de Suppositions » ; Le 4e « Faites Toujours de votre Mieux ».

Grâce aux enseignements de ma grand-mère et au livre de Don Miguel Ruiz, j’ai compris que la parole est un outil puissant qui nous permet de créer dans la réalité nos désirs les plus chers. Quand on veut de l’harmonie autour de soi, c’est à nous de la créer. Pour cela, il est nécessaire d’être en accord avec soi-même avant de l’exiger des autres.